Discours du Rabbin Ariel REBIBO
Beroukhim habaïm, Que vous soyez bénis par votre venue !
Deux versets des Psaumes sont inscrits sur le fronton de cette synagogue :
« Heureux ceux qui demeurent dans Ta maison ; ils continueront à te louer , séla ! »
et :
« Heureux le peuple pour qui il en est ainsi, heureux le peuple dont l'E-ternel est D-ieu ! »
Ces deux versets résument les deux fonctions d'une synagogue.
La première est de représenter la Maison de D.. Et heureux tous ceux, comme aujourd'hui, qui siègent dans la maison de D.. Ce lieu doit permettre une corrélation entre D. et l'humain. Chacun d'entre nous vient pour y prier, pour parler à D., prendre conscience de notre existence personnelle devant celle de D. et l'exprimer. Cette Maison de D est également celle où nous venons écouter Sa parole, l'étudier dans les textes afin de la mettre en pratique et la méditer. La synagogue est ainsi le lieu privilégié de la parole de l'humain à D. et de D. à l'humain. Par l'effet de cette corrélation nous découvrons que la Maison de D-ieu est finalement dans le cœur de chacun d'entre nous. La synagogue est donc le lieu qui ouvre notre cœur pour en faire le siège du divin.
A cette dimension individuelle, le deuxième verset ajoute une dimension collective.
« Heureux le peuple pour qui il en est ainsi, heureux le peuple dont l'E-ternel est D-ieu ! »
Le mot synagogue, du latin synagoga est la traduction de l'expression hébraïque Bet Qenesset : La Maison de rassemblement. En ce lieu se réunissent celles et ceux qui partagent la même foi, non seulement pour y trouver un moyen de la pratiquer mais surtout pour y créer le lien qui les unisse, pour former ainsi un peuple malgré la dispersion et l'exil dans l'espace du Monde, malgré l'Histoire d'une longue traversée dans le temps et malgré la confrontation avec toutes les sociétés et les modes de pensée. Elle n'est pas qu'un refuge. De tous temps la synagogue est le lieu où les idées se brassent. Une place est donnée à toutes les influences en les intégrant, comme une richesse, à l'édifice pérenne. La synagogue est ainsi le lieu privilégié de la création continue de l'identité nationale juive : parvenir à être « le peuple dont l'E-ternel est D-ieu ! », en tout lieu, à tout moment et envers et contre tout.
Ces deux fonctions, la maison de D-ieu qui est en chaque être humain et la maison d'un peuple qui vit en D., voilà ce qu'ont voulu anéantir, ici même, les nazis - et leurs alliés. Voilà ce qu'ont tenter de reconstruire, avec courage, détermination, espoir et amour les membres de notre communauté - et leurs amis.
C'est envers ces derniers que j'exprime la profonde gratitude de tous les membres de cette communauté : Envers l'Etat français, les autorités préfectorales et municipales pour l'aide fournie à cette reconstruction, le baume porté à nos blessures toujours ouvertes, les encouragements à aller de l'avant avec confiance. C'est en fait tous les acteurs de la vie sociale à Thionville que je me dois de remercier : écoles, collèges et lycées, chambre de commerce ou associations de commerçants qui ont rendu une dignité et une égalité à notre communauté.
Je réaffirme ma joie de partager souvent avec nos amis chrétiens, les moments de rencontres, de débats, d'étude et de découvertes de nos traditions initiés depuis plus de vingt ans. Je saisi l'opportunité de réagir positivement et chaleureusement à la main tendue par les représentants du culte musulman. Ensemble, juifs, chrétiens et musulmans, parvenons à découvrir une fraternité riche, juste et seule capable de nous faire entrevoir un avenir meilleur.
J'invoque à présent, avec une intense émotion et un immense respect, l'action de toutes celles et de tous ceux, disparus ou encore en vie, qui, après avoir connu l'humiliation, l'angoisse, l'horreur, la tragédie, la résistance et la lutte ont fondait à nouveau notre communauté alors que tout était aussi à reconstruire sur le plan personnel, familial, professionnel et national.
Je salue le travail remarquable des Hazanim et Rabbins qui, avec leurs épouses, ont insufflé l'esprit du judaïsme par les chants, les prières, les moments d'études et la pratique vivante de la Tora : Bernard WOLF qui est le pilier fondateur de notre communauté et à qui nous souhaitons une longue et heureuse vie. Gérald ROSENFELD, un chantre, un maître, un conseiller fidèle, les Rabbins WEILL, ASSOUS et MORALI, le Grand Rabbin Fiszon, ici-présent, et aujourd'hui Grand-Rabbin de la Moselle, qui a apporté chaleur, joie et conviction dans notre judaïsme, ainsi que le rabbin Braun.
Mais tout cela n'est que l'écrin. Le bijoux c'est vous, fidèles des offices et des cours, enfants du Talmud Tora, Parents et Grands-parents qui transmettent notre héritage. Vous le savez seule une pratique quotidienne, intense, sans concession et à la fois ouverte est à même d'assurer cette transmission.
Je loue enfin l'Eternel, D. d'Israël, D. Un, Qui a scellé son alliance éternelle avec Abraham et ses descendants. D. a Qui notre peuple est resté attaché, avide de sa parole, heureux de pratiquer ses lois, et qui oeuvre pour que se réalise toutes ses promesses de paix et de Justice pour toute l'Humanité.
Béni soit l'E-ternel, au Nom duquel le prophète Ezéchiel annonçait :
« Certes je les ai éloigné parmi les nations, certes Je les ai dispersé dans d'autres pays et j'ai été pour eux, un peu, un sanctuaire, dans les pays où ils sont entrés. »
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