Dieu à l’épreuve
par Ariel REBIBO
Après être revenu sur de nombreux commandements dans le Deutéronome, Moïse enseigne la loi suivante (6, 16) :
« Ne mettez pas à l’épreuve l’E-ternel votre Dieu comme vous avez éprouvé à Massa. »
Que signifie l’expression « éprouver l’E-ternel » ? En donnant l’exemple de Massa, la Tora répond à cette question. Arrivés à cette étape du désert, les hébreux manquaient d’eau. Ils avaient alors conditionné leur service divin à l’obtention d’eau de la part de D..
Mettre à l’épreuve l’E-ternel signifie donc décider de le servir ou non en fonction des bienfaits que D. procure. Est-ce pourtant insensé ? Si le « Bon Dieu » ne fait pas le bien, n’est-ce pas la preuve qu’il n’existe pas ?
A moins que le bien, tel que nous le concevons, pourtant nécessaire à la définition du « Bon Dieu », ne soit pas un des attributs de l’É-ternel D.. Il existe différentes façon d’arriver à la croyance en D.. Pour certains, l’existence de D. s’impose par une réflexion sur la nature ou sur l’Histoire, le fait d’y gagner personnellement ou pas n’y change rien. Dans cette optique D. est posé comme une vérité indépendante du profit que l’on en tire. L’existence du Mal ne remet pas en question une vérité déduite ou ressentie par ailleurs. Elle soulève cependant l’incompréhension, voire la révolte, devant un D. dans lequel on croit fermement mais dont la connaissance nous échappe. Moïse attend des hébreux cette forme de croyance. Une fois que D. s’est révélé à eux et à travers toute leur histoire, qu’il leur a également exprimé sa volonté, leur service n’a pas à dépendre d’un quelconque intérêt. Ce qui ne doit pas les empêcher d’interroger Moïse sur la raison du manque d’eau. Moïse enseigne à Israël un mode de connaissance de l’E-ternel basé sur le principe de vérité et rejette celui du calcul. Ce thème parcoure toute la Bible, les hommes sont-ils en vérité au service de D. ou cherchent-ils à avoir D. à leur service ?
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