jeudi 21 août 2008

Réflexion sur la sidra Réé

Foi et miracles

par Ariel REBIBO

Comment prouver la véracité d'un discours prophétique ? Par l'effet d'un miracle, en dérogeant aux lois de la nature, le prophète ne peut-il pas se prévaloir de parler au nom du Créateur ? L'Eternel donne ainsi des signes miraculeux à Moïse afin de convaincre le peuple de Celui qui l'envoie. Pourtant dans le Deutéronome Moïse ordonne de ne pas écouter un prophète sur la seule foi des miracles qu'il accomplit :

"Tu n'écouteras pas les paroles de ce prophète ou de ce songeur de songe."

Les miracles ne constituent pas une preuve de la vérité prophétique. Maïmonide affirme que ce principe s'applique également à Moïse :

"Les enfants d'Israël n'ont pas cru en Moïse notre maître en raison des signes qu'il a produits. Car celui qui croit à cause de signes garde en son coeur le doute que le signe soit fait par magie ou sorcellerie (des effets d'illusion)."

Une foi qui se fonde sur des miracles est imparfaite. Les signes apportés par Moïse ne s'opposent pas à ce principe ; ils l'illustrent. La foi du peuple est faible à la suite des signes. Les miracles servent à l'impressionner. Ils l'incitent à écouter Moïse mais sans les convaincre. Cette suspicion est salutaire. A croire les prétendus prophètes, amères sont les désillusions.

Une croyance qui naît des miracles est remplie de doutes. Elle est en plus détachée de l'objet de la croyance. On ne croit pas en Moïse mais aux miracles. On peut ainsi croire en tout si preuve est faite par un miracle. Mais cette "preuve" est indépendante de la croyance elle-même, de sa vérité. Une telle foi résulte d'une contrainte à croire, d'une restriction de la liberté. Quel aveu de faiblesse quant à la force de conviction du discours divin !

Pourquoi les enfants d'Israël ont-ils alors cru en Moïse ? Ils ne commencent à croire qu'au moment de la révélation du Sinaï. Ils n'entendent plus Moïse parler mais partagent la même écoute. Mais toute l'Humanité depuis, pourquoi croirait-elle en Celui dont elle n'a pas ressenti la présence et en Sa loi qu'elle n'a pas entendue ?

La révélation du Sinaï et la loi divine n'ont de valeur pour nous que sous la forme d'un témoignage transmis depuis des millénaires. La question se pose alors sur la foi que nous devons lui accorder. La croyance en la Tora résulte alors d'une enquête (derash), expression d'une liberté - raisonnée.

Le prophète est-il un charlatan, un illuminé ou un messager divin ?

"S'il surgit en ton sein un prophète ou un songeur de songe et qu'il te propose un signe ou un prodige, même si se réalise le signe ou le prodige qu'il t'a prédit, en disant : "Allons à la suite d'autres dieux que tu n'as pas connus et servons-les !", tu n'écouteras pas les paroles de ce prophète ou de ce songeur de songe (...)."

Moïse est prophète en ce sens qu'il enseigne la Tora, expression de la loi divine.

Pourquoi croire une personne qui parle au nom de Dieu ?

Malgré l'étonnement que peuvent susciter leurs démonstrations extraordinaire

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