samedi 21 juin 2008

Réflexion sur la sidra Shelah lekha

L’espoir perdu

Avant d’entrer en Terre de Canaan, les enfants d’Israël envoient douze explorateurs vers la Terre promise. Après quarante jours les explorateurs reviennent. Ils présentent les magnifiques fruits qu’ils ont ramené de la Terre de Canaan. Effectivement, ils sont allés dans un pays ruisselant de lait et de miel. Mais le peuple qui l’habite est très puissant, les villes sont des forteresses et toutes ses frontières sont habitées par différents peuples. Ils réussissent ainsi à décourager le peuple qui désire alors retourner en Égypte.
En exposant aux yeux de tous les fruits extraordinaires de la Terre de Canaan, les explorateurs éveillent délibérément le désir et l’espoir des enfants d’Israël. Il y a à peine plus d’un an ils étaient esclaves d’un régime tyrannique. Depuis ils avancent dans le désert vers la Terre de leurs ancêtres. Ils entendent à présent que cette Terre ruisselle bien de lait et de miel comme Moïse le leur avait promis. Leurs rêves commencent enfin à devenir une réalité. Les explorateurs l’ont vraiment vu ce pays, ils ont dit que tout était vrai. Et les voilà les beaux fruits de la Terre d’Abraham ! Une fois le rêve exhibé, assurés que l’attention de tous se porte sur la moindre de leurs paroles, les explorateurs poursuivent leur récit. Mais,... nous n’y arriverons pas. Ce pays est extraordinaire, trop beau, nous n’y arriverons jamais. Les coeurs débordant de bonheur se contractent et les yeux scintillant de joie se mettent alors à pleurer.
Il existe deux façons de briser un rêve. En affirmant premièrement que tout n’est qu’illusion. La réalité est très différente de ce que l’on croit et bien moins belle. Une fois arrivé au bout de son chemin, le rêveur se rendra compte que cela ne valait pas la peine d’attendre et de fournir autant d’efforts. Il cherche très loin ce qu’il peut trouver ici et en mieux. Le rêveur se trompe de rêve. L’autre façon consiste au contraire à déclarer que le rêve est le plus beau qui soit. Si seulement il pouvait se réaliser, mais le rêveur n’en n’est pas capable. Le rêveur se trompe d’homme. les explorateurs ont choisi cette seconde méthode, elle est bien plus destructrice.

Ariel REBIBO

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