mercredi 30 avril 2008

Réflexion sur la sidra qedoshim

Entrée de shabbat entre 19 h 21 et 20h 00 (Barékhou)

Fin de shabbat à 21h 51

Pose des téphilin cette semaine à partir de 04h 50, nets à 06h 05


L'impératif de Sainteté

Les chapitres 17 à 26 du Lévitique forment un ensemble de préceptes que l’on pourrait appelé la loi de sainteté. L’E-ternel enseigne à Moïse l’impératif de sainteté dans le verset suivant (19, 2) :

Parle à toute la communauté des enfants d’Israël et tu leur diras : Soyez saints, car je suis saint, Moi l’Eternel votre Dieu.”

L’E-ternel précise bien “parle à toute la communauté”. La sainteté est donc attendue de tout un chacun. Elle n’est pas la qualité ou la valeur d’un être humain s’étant particulièrement distingué du reste de l’humanité par sa conduite vertueuse. Dans ce sens elle ne pourrait évidemment pas être l’objet d’un ordre ni même constituer un but dans la vie. Cette sainteté des êtres extraordinaires, parfois devenus les objets d’un culte, n’a pas sa place dans la Tora. Mais alors que signifie la sainteté dans le judaïsme et comment peut-on ordonner d’être saint ?

Dans la Bible l’adjectif “saint” est la traduction du mot hébreu qadosh. Ce terme renvoie à l’idée de séparation, de différence. La sainteté absolue est donc celle de D., essentiellement différent à l’humain et à l’Univers. De même, la sainteté ordonnée à toute la communauté d’Israël est une notion de séparation : “Soyez saints car je suis saint”. Mais de quoi faut-il se séparer ? On pourrait être tenter de croire que la sainteté est une perfection intérieure qui ne peut s’acquérir qu’en se privant des plaisirs de ce monde et en s’écartant de la vie en société. Loin de là ! L’idéal existentiel de sainteté n’a rien d’un concept abstrait réservé à ceux qui se détachent des réalités de notre monde. Les nombreux versets qui détaillent la loi de sainteté exposent un mode de vie concret. La foi, le service divin et les mœurs y sont traités comme l’alimentation, l’agriculture, le respect d’autrui, les droits des employés ou la justice par exemple.

Maitriser son caractère, diriger sa vie dans un sens constructif, instaurer des relations de respect, d’égalité et de justice avec autrui sont autant d’actions qui participent au devoir de sainteté. On comprend dès lors pourquoi c’est parmi ces préceptes qu’est formulée une des phrases les plus célèbres de la Bible. Citons le verset dans son intégralité (19, 18) :

Tu ne te vengeras pas, tu ne garderas pas rancune envers les enfants de ton peuple, mais tu aimeras ton prochain comme toi-même ; Je suis l’E-ternel.”

En se détachant de ce monde, on évite peut-être de fauter, mais on manque surement l’occasion d’aimer, d’aider, de rendre la justice, d’élever et de sanctifier la création de Dieu. La sainteté est réservée à ceux qui vivent dans le monde.

Ariel REBIBO

Rabbin de Thionville

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