Réflexion sur la sidra Nasso

La parole intérieure de D.

Près d’un an après la sortie d’Égypte, le Sanctuaire est inauguré dans le désert. Durant douze jours, les chefs des tribus d’Israël apportent chacun à leur tour des offrandes et des cadeaux. Dans un verset de conclusion la Tora nous décrit alors la façon dont Moïse entendait la parole divine à l’intérieur du Sanctuaire. La traduction la plus courante de ce verset est la suivante (Nombres, 7, 89) :

“Or, quand Moïse entrait dans la Tente du Rendez-vous pour parler avec Lui, il entendait la voix qui lui parlait d’au-dessus du Propitiatoire qui était sur l’Arche du Témoignage, entre les deux chérubins, et Il lui parlait.”

Trois fois le verbe “parler” est utilisé dans ce verset. Cependant dans le texte hébreu le deuxième verbe est conjugué sous une forme rare. Il ne s’agit pas d’une forme active mais réfléchie. Le texte ne dit donc pas qu’une fois entré, Moïse entendait la voix qui parlait (medabber) mais qu’il entendait la voix qui se parlait (middabber).

En usant de la forme réfléchie du verbe parler, la Tora décrit la parole de l’É-ternel à Moïse comme une parole qui ne lui est pas personnellement adressée. L’appel qui précédait invitait Moïse, et seulement lui, à rejoindre la Tente du Rendez-vous. Mais une fois présent il était convié à écouter un discours intérieur. La Tora nous enseigne ainsi que Moïse comprenait, à la mesure de son entendement, une parole qui le dépassait. Cela nous apprend encore que, comme tout prophète, même Moïse n’est qu’un messager. Lui seul entend le discours divin, mais il n’en n’est pas le destinataire. Il entend une voix qui tout en étant intérieure s’adressent à tous.