jeudi 13 novembre 2008

Réflexion sur la sidra Vayéra

"Et Dieu éprouva Abraham..."

Ariel REBIBO

Lors de l’épreuve de la ligature d’Isaac, Dieu utilise la même formule que pour le premier ordre qu’Il lui avait adressé :

« Lekh lekha / Va, pour toi, de ta terre, de ton lieu natal, et de la maison de ton père, vers le pays que je t’indiquerai »
« Prends donc ton fils, ton unique que tu as aimé, Isaac et lekh lekha / va, pour toi vers la terre de Morya et élève-le là-bas en holocauste sur une des montagnes que Je te dirai. »

Cette similitude relie ces deux ordres. La première fois Abraham doit quitter ce qui lui est proche. Il abandonne son passé pour la promesse d’une postérité et d’un pays. L’Eternel affirme encore qu’il deviendra une bénédiction pour toutes les nations.

Lors du second « lekh lekha », sacrifier Isaac revient à abandonner son futur. Sa soumission ne lui apporte cette fois plus rien. Abraham doit accepter de se retrouver comme avant le premier « lekh lekha », dépourvu de toute promesse.

Abraham accepte et s’en va pour sacrifier son fils. Quelle cruauté ! Mais est-ce tellement impensable ? Combien de fils sacrifiés la Terre a-t-elle déjà engloutie ? L’amour de Dieu se place au dessus de tout. Et Dieu ne peut rester insensible à la souffrance ressentie en son Nom.

Finalement, un ange retient le bras d’Abraham. En cet endroit, futur Mont du Temple, Abraham découvre le sens profond du sacrifice. Tous les sacrifices ne sont pas bons aux yeux de Dieu. Le sacrifice est un moyen de ramener celui qui l’offre sur le chemin de la vie. Offrir sa vie ou celle de ses enfants ne constitue pas un gage de vérité. Au contraire, Abraham apprend que l’on ne sert pas Dieu en versant le sang en Son nom tout en exigeant de Lui qu’Il pacifie ensuite et reconstruise le Monde détruit prétendument pour Sa gloire. Tel est le culte rendu au dieu Molekh. Les bénédictions faites à Abraham ne se réalisent elles que dans la vie désirée et protégée par les êtres humains.

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