mardi 27 mai 2008

Réflexion sur la sidra bemidbar

Immunité et sanctuaire

La tribu de Lévi reçoit la mission de transporter le tabernacle d’étape en étape. La grande famille de Qehat est chargée du port des objets les plus saints. Pour cette raison un commandement particulier incombe aux prêtres. Ils doivent recouvrir les objets du Sanctuaire pour que les membres de la famille de Qehat ne les voient pas et ne risquent pas en conséquence de mourir (Nom. 4, 19 – 20) :

« Agissez ainsi à leur égard, afin qu’ils vivent et ne meurent point, lorsqu’ils approcheront des choses éminentes (…). Qu’ils ne viennent pas regarder lorsqu’on enveloppe la chose sainte, ils mourraient. »

Le Rabbin Hirsch (19ème siècle) explique que la vue habituelle des choses saintes risque d’amener les membres de la famille de Qehat au sentiment que les objets constituent l’essentiel du service divin. En dérobant ces objets à leurs regards, la Tora crée une impression de mystère. Elle éveille la curiosité des porteurs et du peuple en indiquant surtout que l’essentiel est le symbole, la part cachée. Les objets ne font que représenter des idées qui ne pourront jamais être saisie totalement.

Les prophètes d’Israël se sont souvent élevés contre cette tentation de se suffire d’un lieu ou d’un objet sensés posséder la divinité. Une telle approche de la religion rassure. Elle permet de fuir au quotidien les responsabilités que le Sanctuaire doit rappeler. Ce dernier « fonctionnerait » de façon autonome, indépendamment de la conduite du peuple (Jér. 7, 9-10) :

« Est-ce que, après avoir voler, tuer, commis l’adultère, jurer pour le mensonge, (…) vous viendrez et vous vous tiendrez devant Moi, en cette maison qui est appelée par Mon Nom, et vous direz : Nous sommes sauvés, pour faire toutes ces abominations ! »

La religion, comprise dans le sens du service divin, ne protège pas. Au contraire, elle constitue un danger pour ceux qui n’y cherchent qu’un abri. Le lieu de Dieu et les objets qui s’y trouvent ont pour but de rappeler à l’humain ses devoirs, non pour l’en extraire. L’humain trouve sa place dans le Sanctuaire de Dieu s’il désire, en lui, faire une place à Dieu.

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